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PREMIER CONGRÈS DE LA SOCIÉTÉ DE PHILOSOPHIE DES SCIENCES DE GESTION (SPSG)

ESG Management School, Paris

Le 14 décembre 2012

DERNIÈRES TENDANCES DU PRÊT-À-PENSER EN ÉPISTÉMOLOGIE DES SCIENCES DE GESTION

Dans le champ francophone, le questionnement épistémologique des sciences de gestion a commencé il y a plus de 20 ans aujourd'hui, avec le travail fondateur d'Alain-Charles Martinet et la publication, en 1990, de son ouvrage collectif Épistémologie et sciences de gestion. Ce travail d'analyse réflexive visait, et vise encore, à assoir la légitimité scientifique de disciplines encore controversées, à construire un cadre épistémologique garantissant leur autonomie, notamment face aux sciences économiques et à la sociologie. L'initiative s'est poursuivie avec notamment Les nouvelles fondations des sciences de gestion (2000) d'Albert David, Armand Hatchuel et Romain Laufer, et Sciences du management : épistémique, pragmatique et éthique (2007) coordonné par Alain-Charles Martinet, ou plus récemment encore avec un dossier de la revue Management & Avenir, Ouverture de perspectives épistémologiques et naissance d'une Société de Philosophie des Sciences de Gestion (Bazin et Lamy, 2011). Des recherches plus disciplinaires émergent également, par exemple en finance avec Hélène Rainelli (2003). Malgré ces travaux, les réflexions sur les sciences de gestion restent encore parfois engoncées dans quelques « prêt-à-penser » épistémologiques pas toujours parfaitement ajustés : la nécessité de construire un « paradigme » des sciences de gestion, la lecture des sciences de gestion comme « sciences de l'artificiel », l'impératif d'inscrire sa pensée dans un schéma épistémologique, ...

Parler de « prêt-à-penser » épistémologique, ce n'est pas établir un diagnostic objectif et universel, c'est porter un jugement, et un jugement dépréciatif. Ce n'est pas simplement dire qu'il y a de l'impensé dans nos manières de réfléchir sur les sciences de gestion (il y en a toujours, et c'est normal), c'est y repérer pour la dénoncer ce que l'on juge être une réflexion stéréotypée venant illégitimement se substituer à une pensée véritable, et y faisant donc obstacle. Il s'agit de ne pas perdre de vue cette normativité, ni la subjectivité qui l'accompagne, ni la part de relativité qui en découle : notre manière de penser est souvent le prêt-à-penser de quelqu'un d'autre. Et dénoncer l'abandon illégitime de la réflexivité impose d'être soi-même réflexif.

Parler de « prêt-à-penser », ce n'est pas seulement faire la liste des stéréotypes ou des lieux communs qui peuvent en constituer le matériau. Il s'agit de ne pas confondre l'étoffe et l'habit. Le « prêt-à-penser » doit présenter une complexité suffisante pour offrir l'illusion d'une élaboration conceptuelle. Il peut reposer sur un concept unique (le risque, la construction, ...), mais ne s'y réduit pas. On trouve aussi parmi les prêt-à-penser de nombreuses théories dégradées mobilisées de manière automatique : des pseudo-théories acteur-réseau, des pseudo-positivismes, des pseudo-falsificationnismes, des pseudo-paradigmes ... Et derrière, les fantômes des auteurs de ces théories dégradées : des pseudo-Latour, des pseudo-Comte, des pseudo-Popper, des pseudo-Kuhn, ... Parler à leur propos de « prêt-à-penser », ce n'est pas seulement dénoncer leur dégradation, mais aussi et surtout leur cristallisation en automatismes théoriques (ce que ne permettent pas les théories originales de ces auteurs, aussi discutables soient-elles, et justement parce qu'elles sont discutables).

Parler de « prêt-à-penser », enfin, ce n'est pas exposer l'usage intempestif d'automatismes de pensée en tant qu'ils sont intempestifs, mais en tant qu'automatismes qui ne peuvent s'ajuster qu'accidentellement à une situation théorique. De même qu'une opinion vraie n'est pas une connaissance, un « prêt-à-penser » judicieux n'est pas une pensée pour autant. Il ne s'agit pas de regretter l'usage malheureux d'un schéma de pensée, d'en souligner le peu de pertinence, mais de mettre en cause son usage aveugle et systématique. C'est bien de réflexivité dont il est question.

Le premier congrès de la Société de Philosophie des Sciences de Gestion (SPSG) sera l'occasion d'explorer les différentes formes de ces « prêt-à-penser » lorsqu'ils s'immiscent dans la réflexion épistémologique sur les sciences de gestion, mais aussi d'en montrer les usages, d'en expliciter les limites et les dangers, d'en discuter la relativité, d'identifier les enjeux théoriques de leur dépassement, d'ouvrir des pistes pour ce dépassement. Le congrès sera ouvert à toutes les sensibilités et toutes les traditions philosophiques, mais nous porterons une attention particulière aux contributions qui mobiliseront les instruments conceptuels de la philosophie des sciences la plus récente pour mettre à jour et questionner les prêt-à-penser, notamment lorsqu'ils reposent sur l'appropriation de pensées qui en sont issues (le positivisme, le falsificationnisme, etc.).

La liste ci-dessous propose quelques pistes de réflexion possibles. Elle est évidemment ouverte et n'a aucune prétention à l'exhaustivité.

Les dichotomies philosophiques comme prêt-à-penser épistémologiques : la dualité positivisme/constructivisme (quelles conséquences pour la pensée épistémologique des sciences de gestion ? En quoi est-elle spécifique au débat épistémologique français ?), la coupure entre esthétique et rationalité organisationnelle (Strati, 2004), ou entre raison et émotions, ...

Les prêts-à-penser attachés aux concepts importés d'autres disciplines : l'organisation comme organisme, la théorie du chaos et le déterminisme, la révolution quantique, les notions d'émergence, de développement, de croissance, de cycles de vie, de réseaux...

L'utilité du prêt-à-penser : peut-on faire l'épistémologie des sciences de gestion sans prêt-à-penser ? Le prêt-à-penser épistémologique est-il un mal nécessaire ?

Les évolutions du prêt-à-penser : Existe-t-il des modes épistémologiques en sciences de gestion, tout comme il existe des modes managériales ?

Les prêt-à-penser méthodologiques : le positivisme s'articule-t-il nécessairement aux méthodologies quantitatives, et l'interprétativisme aux méthodologies qualitatives ?

Références :

Bazin Y. et Lamy E. (2001), « Ouverture de perspectives épistémologiques et naissance d'une Société de Philosophie des Sciences de Gestion », Management & Avenir, n°43 David A., Hatchuel A. et Laufer R. (2000), Les nouvelles fondations des sciences de gestion, Vuibert

Martinet A.-C (dir.) (1990), Épistémologie et sciences de gestion, Economica

Martinet A.-C (dir.) (2007), Sciences du management : épistémique, pragmatique et éthique, Vuibert

Rainelli-Le Montagner H. (2003), Nature et fonctions de la théorie financière, PUF

Strati A. (2004), Esthétique et organisation, Presses Université Laval

Format des communications :

Les intentions de communication ne devront pas excéder 1000 mots, bibliographie et annexes comprises (Times New Roman 12, interligne 1,5). Les textes pourront être rédigés en français ou en anglais. Ils seront strictement anonymes.

Les textes complets ne devront pas excéder 10000 mots, bibliographie et annexes comprises (Times New Roman 12, interligne 1,5). Les textes pourront être rédigés en français ou en anglais. Ils comprendront obligatoirement un résumé en français et en anglais de 250 mots maximum, et seront strictement anonymes (les contributions comportant des éléments susceptibles d'identifier leurs auteurs seront systématiquement refusées).

Modalités de soumission :

Les propositions doivent être déposées sur le site du congrès : spsg2012.sciencesconf.org. Les fichiers déposés doivent être au format word (.doc) : pas de pdf. Le dépôt n'est possible qu'après s'être inscrit sur le site.

Lors de l'inscription, le système vous demandera votre affiliation institutionnelle. Cette étape est obligatoire. Le cas échéant, si vous n'êtes affilié à aucune institution, vous pouvez déclarez un rattachement à la SPSG (ce qui ne vous engage aucunement envers la SPSG).

Calendrier :

Intentions de communication : 16 janvier 2012

Réponses aux intentions : 6 février 2012

Textes complets : 3 juin 2012

Réponses définitives : 3 septembre 2012

Comité scientifique :

Remi Jardat (Professeur HDR et Directeur de la recherche, ISTEC)

Antony Kuhn (Professeur des universités, IAE - Université Paul Verlaine de Metz)

Alain Leplège (Professeur des universités, Université Paris Diderot)

Jean-Luc Moriceau (Professeur HDR, Telecom École de Management)

Yvon Pesqueux (Professeur titulaire de la chaire « Développement des Systèmes d'Organisation », CNAM)

Hélene Rainelli-Weiss (Professeur des universités, IAE - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

Christophe Schmitt (Titulaire de la chaire « Entreprendre », Maître de conférences HDR, Université de Lorraine)

Antonio Strati (Full Professor, UNITN, chercheur associé au CRG-Ecole Polytechnique, Paris)

Organisateurs :

Société de Philosophie des Sciences de Gestion (SPSG)

Yoann Bazin (Professeur, ESG)

Erwan Lamy (Enseignant chercheur, Novancia)

Laurent Magne (Professeur, ISG)

Baptiste Rappin (Maître de Conférences, ESM-IAE de Metz)

Renseignements et contact : contact@spsg.fr

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